L'éclatement de l'Empire Romain (476) a provoqué une crise culturelle très forte, suscité une très profonde nostlagie de l'unité perdue, nostalgie que les rois carolingiens et Charlemagne en particulier entreprennent de restaurer. Mais l'unité carolingienne - et c'est là une grande partie de son intérêt - ne sera pas essentiellement militaire, politique ou juridique - même si elle le sera aussi en partie - elle sera surtout culturelle et religieuse : unité par le livre, et en particulier la bible avec le soutien de la papauté conçue comme un instrument politique au profit de la cohésion de l'Empire.

Il y est aussi question de la geste mythique / héroïque de restauration de la culture après des siècles de barbarie et de désordre, avec correction de la bible et du latin nettoyés de leurs impuretés, l'adoption de l'écriture caroline, et floraison de la création littéraire et artistique (protection de l'image), qui justifient l'appellation de "renaissance carolingienne" et mettent en perspective la "Renaissance" du XIIème siècle (Jacques Le Goff, les intellectuels au Moyen âge), et la renaissance tout court après elle, comme autant de jalons d'un même processus.
La réflexion enfle autour de ce désir de réforme et d'unité, et le thème de la succession des périodes de "désordres" et de "renaissance", outre cette exposition, invite à la lecture des passages très éclairants que consacre André Chastel (L'art Italien, Flammarion) au processus répété qui voit l'alternance de l'ascétisme et de la décadence dans l'art (refus de l'ornement et du luxe par un maître respecté, Saint François le premier, puis célébration par l'eglise et commandes toujours plus fastueuses à des artistes, au risque de retomber dans les travers dénoncés, d'où une nouvelle période de réforme...). Mais l'oubli gagne et compromet la pertinence de la digression : on aura l'occasion de revenir plus tard sur la fascination des similitudes de l'histoire et le danger des rapprochements historiques hasardeux.
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