L'exposition organisée il y a peu au musée d'art moderne de la ville de Paris a donné a voir quelques toiles d'une artiste méconnue en France. Helene Schjerfbeck, peintre finlandaise, aura donné l'exemple assez étonnant d'une oeuvre à la fois perpétuellement en décalage avec les canons de son milieu, et très éclairante pour le destin de l'art au début du XXème siècle.
Hélène Schjerfbeck (prononcez comme vous pouvez), enfant prodige, est peintre naturaliste / réaliste lorsque la mode est au romantisme et fresques nationales célébrant la lutte des grands héros et les sagas nordiques. Amoureuse d'un homme qui finit par la délaisser, de santé fragile, toute sa vie semble avoir été celle des occasions manquées, sauf dans le domaine de l'art.
Partie de la représentation, elle épure ses tableaux tjusqu'à les recouvrir d'une sorte de brume, de halo lumineux - qui n'est pas sans rappeler certains paysages scandinaves - et finit par dissoudre le réel figuré. Et cette démarche d'effacement progressif, assez touchant de la part d'une artiste qui semble-t-il n'a cessé de se retrancher elle-même de la vue des hommes, au gré de ses déceptions sentimentales, et des contre-courants esthétiques, n'est nulle part plus saisissant que dans le travail de la fin de sa vie sur les autoportraits. Là, on voit des visages de vieille dame de plus en plus malade, ou le crâne dégarni puis chauve s'efface dans un jeu d'ombres où le squelette transparaît sous la peau diaphane ; les lignes s'épurent, puis disparaissent dans des zones où l'on ne distingue plus le motif du fond de la toile, ce qui constitue une évocation saisissante et très intense de la mort elle-même. Comme cette mort est elle-même une annonciation de l'art moderne voire abstrait (dans son refus de l'image), on attend avec impatience les rétrospectives à venir, sur une artiste qui gagnerait à être mieux connue.
Ci-dessus : jeune liseuse, 1904
Hélène Schjerfbeck, Musée d'art moderne de la ville de paris (c'est fini) ((et le catalogue est épuisé))
lundi, février 04, 2008
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