samedi, septembre 30, 2006

Marilyn au musée Maillol

L'exposition des photographies de Marilyn par Bert Stern au musée Maillol est un petit trésor.

Il y a d'abord l'histoire des photos elle-même, les dernières prises avant la mort de la star, et la relation ambiguë du photographe et de son modèle photographiée nue, dans une chambre d'hotel, avec du champagne.

On y découvre surtout une vraie figure moderne de la mélancolie, le regard un peu triste de Marilyn, tombant sous le poids de la fatigue, l'alcool, et d'une série d'épreuves qu'on devine sans trop de mal sous l'euphorie de rigueur. C'est un peu le portrait de l'artiste en clown triste. Marilyn témoigne d'une expressivité fantastique. On passe insensiblement du regard lascif et provocant au minois enjôleur, à la moue désabusée, indolente, puis la tristesse. Des expressions chaque fois magnifiées par le jeu de la lumière, des poses ou des couleurs.

Sur certaines photos, on voit distinctement une grande balafre, la cicatrice d'une opération récente de la vésicule biliaire. On ne peut s'empêcher de penser à une sorte de stigmate chrétien, à la plaie du christ. Autant d'éléments qui annoncent la mort prochaine et font de Marilyn une idole condamnée, achevant de donner à cette série de photos l'épaisseur du mythe.

mardi, septembre 26, 2006

Qu'est-ce que les lumières ?

Petite note en vitesse au sujet du petit livre "Qu'est-ce que les lumières" tout récemment publié par les éditions 1001 nuits, et qui rassemble en un seul volume les deux textes de Kant et de Mendelssohn, avec en bonus une postface de Cyril Morana.

La confrontation des deux textes permet de comprendre ce que signifie l'injonction à faire usage public de sa raison. C'est un moyen de résoudre les conflits entre deux facettes du même sujet, à la fois homme et citoyen.

Pour Mendelssohn comme pour Kant, la destination de l'homme, cad la recherche de la vérité, le progrès de la connaissance, va parfois contre les exigences du citoyen, cad l'obéissance, le respect des lois, l'ordre public, et notamment en matière de religion. Aussi Mendelssohn invite l'homme des lumières à faire usage de prudence lorsqu'il s'aventure sur des sujets sensibles : lorsque l'ordre public est en cause, les lumières doivent se faire discrètes.

Kant refuse cet arrangement. Pour lui, la résolution du conflit ne passe pas par le silence imposé à l'homme par le citoyen. Il passe au contraire par la distinction entre un usage privé de la raison et un usage public. Dans le cadre de ses fonctions, le fonctionnaire d'état n'a pas à faire étalage de ses opinions et de son avis sur la marche de l'administration ou de la politique : il obéit à ses supérieurs, et se contente d'un usage privé de sa raison. Mais il l'accepte d'autant mieux qu'il a droit, par ailleurs, et en dehors de ses fonctions, d'en faire un usage public, et de participer au débat démocratique.

L'usage public de la raison chez Kant n'a donc pas grand chose à voir avec la solidarité entre les hommes, et ce n'est pas non plus un outil commode en vue du progrès de la science (même si ça peut l'être aussi), c'est d'abord une façon de résoudre le conflit entre les deux facettes du sujet, selon une technique très répandue et qui s'applique à d'autres antinomies (vertu et bonheur, nature et liberté). Faute de pouvoir résoudre les antinomies ici et maintenant, on postule leur résolution future par l'intermédiaire du public, de l'histoire ou du genre humain. Kant et Mendelssohn, Qu'est-ce que les lumières ? 1001 nuits.

mardi, septembre 12, 2006

C'est la rentrée

Après un mois d'été chargé en lectures diverses et voyages variés, le blog reprend des couleurs. Mais comme je suis plongé dans la biographie de Mao aux editions Gallimard, près de 1000 pages, le prochain post n'est pas pour tout suite. Ceci dit, vu la fréquentation assidue sur le blog, personne ne devrait en souffrir.