vendredi, juin 30, 2006

Galerie Kamel Mennour

Je ne connaissais rien de Djamel Tatah et je suis entré sur les conseils d'une amie à la Galerie Kammel Mennour où l'artiste expose quelques oeuvres. Pas de quoi devenir vraiment fan, mais il faut reconnaître que le coté à la fois obsessionnel et indéfini de son sujet, à savoir des hommes (femmes?) le plus souvent seuls, et apparaissent sur fond uni coloré dans des postures énigmmatiques suscite l'étonnement, et même, parfois, un certain plaisir de l'oeil. Mais si quelqu'un dans l'univers pouvait me donner quelques clés, je lui en serais très reconnaissant.

lundi, juin 26, 2006

Système moderne des beaux arts

Dans ce livre - un classique - très stimulant, Kristeller montre combien le système des beaux arts (poésie, sculpture, architecture, peinture, musique) qui paraît aller de soi, est une invention totue récente, du 18è siècle.
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Dans l'antiquité, et jusqu'au 17è, les beaux arts comme nous les entendons aujourd'hui n'existent pas. Le beau et l'esthétique ne sont même pas des disciplines autonomes. Le beau est rattaché au bien, au bon, par exemple chez Platon. Au Moyen Âge, les arts libéraux intègrent arts et science sans distinction. La Renaissance bataille dur pour faire admettre la peinture au rang des arts libéraux (cf ci dessous, Alberti) alors qu'elle était jusque là considéré comme un vulgaire métier. Ce n'est qu'avec l'émancipation de la science à partir du 17è que les arts et l'esthétique pourront apparaître comme un champ distinct. Baumgarten et Kant sont les premiers à faire de l'esthétique une région à part entière de leur philosophie.
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Comme ce champ est lui-même en train de se fissurer au 20è, (apparition de nouveaux arts, comme le cinéma, apparition du ready made qui pense la réflexion artistique en dehors et au-delà de la catégorie de l'esthétique...) le récit de sa genèse n'en est que plus stimulant.
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Ce qui m'intéresse là dedans, c'est aussi qu'on y trouve l'idée que le sytème des beaux arts est un concept d'abord né du public. Les artistes y sont réfractaires, car au regard de la production, les arts n'ont pas grand chose à voir, et il ne vient pas à l'idée d'un artiste comme Goethe de les rassembler. En revanche, ils procurent tous un même plaisir esthétique, et c'est ce plaisir éprouvé par les spectateurs qui justifie leur mise en relation dans un système structuré. On pourrait rapprocher et comparer ce rôle du public pour les arts et ce qu'il a rendu possible pour les sciences, via notamment la réception des journaux savants du 17è, mais c'est l'objet d'un autre travail.

dimanche, juin 25, 2006

Avignon et Orange


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Ce week end, escapade vers le sud de la France, pour une très belle cérémonie de mariage, du coté d'Avignon. La gare d'Avignon, de verre et de pierre, moderne, claire, effilée, est une vraie réussite. J'aime y trouver quelques similitudes formelles avec la grande salle du réfectoire du palais des Papes, dont la voute a été restaurée, et qui est également très pure, très effilée, très gacieuse. Ressemblance des formes, esprit de la ville...
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D'un bout à l'autre de la grande place, sous le cagnard, une vraie émotion dans les salles du Palais des Papes, et dans les salles du musée du Petit Palais, qui abrite une formidable collection de peintres italiens du 13è au 15è siècle de (très grande) classe mondiale. Rarement vu, sur un sujet religieux archi classique et rapidement insipide(madone à l'enfant) autant d'originalités, d'inventivité dans le choix des gestes, des regards et des poses. Rafraichissant.

Finalement, la région pourrait rappeler Rome, par le télescopage des époques. A peine sorti du Moyen Âge, de ses couleurs et de son architecture, c'est l'antiquité, Vaison la romaine, Orange. Le théâtre antique le mieux conservé d'Europe est fantastique et colossal sous le soleil de plomb. Il doit l'être encore plus de nuit, quand la lumière des spots reconstruit un décor pour les ruines. Une bonne raison d'aller voir les chorégies d'Orange.




mardi, juin 20, 2006

Avoir un chouette frangin

Petite photo souvenir du Canada, pour la première visite de mon frère sur le blog. En arrière plan, le fjord de l'Anse Saint Jean, dans le nord du Québec, sous un soleil radieux, en mars 2006.

vendredi, juin 16, 2006

Tokyo (2)

Parmi les prouesses architecturales de Tokyo : le forum international, sorte de grande nef de verre qui abrite salles de conférences et centres commerciaux. Ici quelques clichés des parois latérales et de la voute intérieure. Je m'y attendais un peu, mais honnêtement, ça ne rend pas grand chose...

On compare aussi le bâtiment au ventre d'un poisson, avec ses parois convexes, sa forme allongée et sa gigantesque hauteur sous plafond.

Vu sous cet angle, le forum illustre sans doute l'un des clichés les plus... clichés du Japon, dont on nous rabache le délicat mélange de la nature et du high tech, de la tradition et de la modernité. A quelques encablures de métro, Tokyo abrite en effet le plus imposants port / marché de poissons du monde, avec ses alignements méthodiques de Thon pêchés en haute mer, et fraîchement sortis du bateau, scrupuleusement examinés par les négociants venus les acquérir lors des ventes aux enchères.

On se lève à 4h30 pour aller les voir examiner les ouïes et la queue à la lampe torche, tater le poisson congelé et deviser entre experts sur les qualités de la bête, qui sera bientôt débitée, distribuée, et mangée le jour même dans l'un des nombreux restaurants de la capitale. Quand on est pas expert, et en attendant de le savourer en sushi, on se contente de profiter des qualités esthétiques de l'animal, de ses formes que l'on retrouve jusque dans les constructions du centre ville, et qui se diffusent dans la culture japonaise bien au-delà du cercle étroit de la filière poisonnière.

dimanche, juin 11, 2006

Les dessins de Michel Ange : closer to the master

Hier samedi, petit aller-retour à Londres dans l'après-midi pour aller voir les magnifiques dessins de Michel Ange exposés au British Museum. Un vrai coup de coeur, une vraie découverte.
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Le titre de l'exposition, "Closer to the master" est bien choisi, et remplit toutes ses promesses. Penché au plus près des dessins, on entre vraiment - du moins prend-on plaisir à goûter cette illusion - dans le détail de l'oeuvre, l'intimité des repentirs, des essais, des traits de crayons, plus qu'aucune grande composition ne pourrait le permettre.
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Le parcours de l'exposition, chronologique, permet de resituer chaque période de l'artiste, entre Florence et Rome. Il donne aussi à voir l'incroyable évolution, depuis les premiers dessins, époustouflants de technique, avec leurs effets d'ombres (pour le relief), les effets de torsions (pour le mouvement). Le dessin d'Adam est une vraie émotion. Pas un muscle qui ne soit oublié, sur ce corps sursaturé de reliefs et de contrastes, toute la vigueur et la rigueur des oeuvres de jeunesse.
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Evolution lente et maitrisée jusqu'aux dessins des dernières années, où Michel Ange, très âgé, retrouve dans le motif de la crucifixion le goût du sfumato (?), des contours moins heurtés, les figures aux lignes presques tremblotantes, empreints d'une spiritualité nouvelle, d'une aura de mystère, halo de douceur. Affranchi des canons du classicisme, Michel Ange se garde bien de tomber dans la démesure maniériste de ceux qui viendront après lui.
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Ce sont là 95 dessins de pur bonheur, des dessins chargés d'émotion, qui ont été dispersés, puis retrouvés et rassemblés, des dessins jalousement gardés par Michel Ange, rescapés de l'incendie auquel il les vouaient tous. Après 2h d'expo, on regrettera seulement la disposition muséographique, qui a le malheur de confondre proximité à l'oeuvre et entassement des visiteurs.
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Mais rassérénés par une assiette d'antipasti sous la coupole vitrée du British Museum baigné de lumière, juste avant de regarder par la fenêtre du taxi Londres défiler sous le soleil et dans les cris des supporters de la coupe du monde de football, on emporte quand même avec soi un bon souvenir de ces quelques (4) heures passés outre manche...
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samedi, juin 10, 2006

Tokyo

Qu'est-ce qu'une ville ? Beaucoup se sont empoignés pour apporter chacun leur tour une nouvelle définition de l'urbain. Nombre d'habitants, constructions articifielles de l'homme pour l'homme. A cette aune Tokyo est un bel exemple à examiner pour comprendre ce qu'il en est de la ville aujord'hui, et ce qu'il en sera demain.
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Après 4 jours dans la mégalopole, impression mitigée. Une grande masse urbaine, comme un gigantesque océan qu'on peut voir du haut des nombreuses tour du quartier de Shinjuku. Contrairement à New York, Paris, Rome, les vues de Tokyo n'offrent pas (ou peu) d'aspérité visuelle à laquelle s'accrocher : une vaste étendue indistincte et homogène de bâtiments entassés à perte de vue, parcourus au sol par une marée humaine, le va et vient continuel de tous ceux dont le nombre grossit au bord des trottoirs en attendant le feu vert, et qui s'engoufrent dans le métro une fois le signal donné, ou traversent les rues dès que l'occasion se présente, en tous sens, mais sans pour autant donner l'impression de désordre. Les piéons marchent, dans une direction précise, sans donner l'imrpression de flâner ou de déambuler comme ceux de Paris place Saint Michel ou les londoniens de Picadilly circus : les tokyoites sont des gens qui se rendent quelque part.
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Ce voyage aura permis de se réconcilier avec l'architecture contemporaine. De magnifiques créations, une originalité jamais vue ailleurs, une débauche de trouvailles qui aiguisent le regard et surprennent le citadin. Des surfaces blanches, grises, noires, transparentes, du blanc mat, laiteux, brillant, scintillant dans la nuit, des noirs laqués, brossés, métalliques, fumés et presques translucides, et d'autres denses, opaques, qui absorbent la lumière. Le jeu des couleurs est aussi un jeu de formes. Comme l'immeuble creux du NS, la cathédrale de verre du Forum, les magasins Dior, Prada, Tod's. Il y a des immeubles de pierre et de béton de 50 étages qui reposent sur un fragile rez de chaussée tout en verre, ou simplement quelques colonnes dont on se demande comment elles suportent le poid de l'édifice qui se tient au dessus.
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Tokyo est aussi une ville qui emprunte, qui copie, et qui est faite de monuments des autres villes. Une sorte de Las Vegas, mais en sérieux : la mairie est inspirée de notre dame, il y a une tour eiffel, un empire state building. Pourtant cette capacité de copier semble à sens unique : la ville japonaise absorbe et transforme ce qui vient d'ailleurs, mais il n'est pas sûr qu'elle se laisse aborber et transformer en retour par une altérité qui paraît toujours au contraire cantonnée à la marge, repoussée de l'autre coté de la sphère de cristal. La ville est un patchwork, mais elle n'est pas bigarrée d'éléments hétérogènes. Il n'y a pas de réel métissage, et je ne dirais pas de Tokyo que c'est une ville cosmopolite. Plutôt une formidable machine à copier l'étranger plutôt qu'à vraiment l'accueillir en son sein. La ville n'accorde pas si facilement à ses visiteurs le privilège de pouvoir l'habiter. (à suivre...)