samedi, juin 10, 2006

Tokyo

Qu'est-ce qu'une ville ? Beaucoup se sont empoignés pour apporter chacun leur tour une nouvelle définition de l'urbain. Nombre d'habitants, constructions articifielles de l'homme pour l'homme. A cette aune Tokyo est un bel exemple à examiner pour comprendre ce qu'il en est de la ville aujord'hui, et ce qu'il en sera demain.
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Après 4 jours dans la mégalopole, impression mitigée. Une grande masse urbaine, comme un gigantesque océan qu'on peut voir du haut des nombreuses tour du quartier de Shinjuku. Contrairement à New York, Paris, Rome, les vues de Tokyo n'offrent pas (ou peu) d'aspérité visuelle à laquelle s'accrocher : une vaste étendue indistincte et homogène de bâtiments entassés à perte de vue, parcourus au sol par une marée humaine, le va et vient continuel de tous ceux dont le nombre grossit au bord des trottoirs en attendant le feu vert, et qui s'engoufrent dans le métro une fois le signal donné, ou traversent les rues dès que l'occasion se présente, en tous sens, mais sans pour autant donner l'impression de désordre. Les piéons marchent, dans une direction précise, sans donner l'imrpression de flâner ou de déambuler comme ceux de Paris place Saint Michel ou les londoniens de Picadilly circus : les tokyoites sont des gens qui se rendent quelque part.
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Ce voyage aura permis de se réconcilier avec l'architecture contemporaine. De magnifiques créations, une originalité jamais vue ailleurs, une débauche de trouvailles qui aiguisent le regard et surprennent le citadin. Des surfaces blanches, grises, noires, transparentes, du blanc mat, laiteux, brillant, scintillant dans la nuit, des noirs laqués, brossés, métalliques, fumés et presques translucides, et d'autres denses, opaques, qui absorbent la lumière. Le jeu des couleurs est aussi un jeu de formes. Comme l'immeuble creux du NS, la cathédrale de verre du Forum, les magasins Dior, Prada, Tod's. Il y a des immeubles de pierre et de béton de 50 étages qui reposent sur un fragile rez de chaussée tout en verre, ou simplement quelques colonnes dont on se demande comment elles suportent le poid de l'édifice qui se tient au dessus.
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Tokyo est aussi une ville qui emprunte, qui copie, et qui est faite de monuments des autres villes. Une sorte de Las Vegas, mais en sérieux : la mairie est inspirée de notre dame, il y a une tour eiffel, un empire state building. Pourtant cette capacité de copier semble à sens unique : la ville japonaise absorbe et transforme ce qui vient d'ailleurs, mais il n'est pas sûr qu'elle se laisse aborber et transformer en retour par une altérité qui paraît toujours au contraire cantonnée à la marge, repoussée de l'autre coté de la sphère de cristal. La ville est un patchwork, mais elle n'est pas bigarrée d'éléments hétérogènes. Il n'y a pas de réel métissage, et je ne dirais pas de Tokyo que c'est une ville cosmopolite. Plutôt une formidable machine à copier l'étranger plutôt qu'à vraiment l'accueillir en son sein. La ville n'accorde pas si facilement à ses visiteurs le privilège de pouvoir l'habiter. (à suivre...)

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