Le bouquin de Claude Arnaud est un bouquin bizarre. La quatrième de couverture est extra, et le livre démarre sur les chapeaux de roue, avant - semble-t-il - de tourner (un peu) en rond.
C'est une réflexion sur l'identité aujourd'hui. L'idée que les identités ne sont plus fixes, héritées ou subies, enracinées dans le sol à l'image du chêne, mais au contraire mouvantes, fictionnelles, construites et faites de la rencontre avec les autres. L'identité moderne est à l'image de ces plantes rhizomatiques qui se développent non pas à en plongeant leurs racines dans le sol, mais en les faisant ramper sur le sol, et s'épanouissant de proche en proche. L'auteur y propose une galerie de portraits de ces identités factices, ambigues, de ces gens qui se font passer pour d'autres et qui, en le faisant, se trouvent eux-mêmes. Ce sont ces identités troubles qui sont plus parlantes, plus opérantes pour aborder l'identité contemporaine.
Les individus peuvent renoncer à "leur race", à leur sexe, à leur corps, changer, muter. Ils sont comme le bateau de Thésée, dont on renouvelle les pièces une à une, pour le sauvegarder, jusqu'à ne plus rien garder du vaisseau d'origine. L'identité n'a jamais autant parlé d'elle que depuis qu'elle s'érode, les gens ne l'ont jamais autant revendiquée que depuis qu'elle est incertaine.
Le problème, c'est qu'il n'est pas certain que les anciens aient été si naïfs sur la fixité de cette identité dont on aurait découvert aujourd'hui les illusions. Et d'autre part, le livre se perd un peu dans son propre vertige, car on ne sait plus finalement qui parle, ce qui est littérairement très jubilatoire, mais philosophiquement un peu court et porte à s'interloquer : "so what ?". Claude Arnaud, Qui dit Je en nous ?, Grasset.
jeudi, janvier 18, 2007
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