mardi, mars 14, 2006

Les limites de la peinture (suite)

Voici un petit livre qui vient compléter ce qui a déjà été dit plus bas sur le cadre. Le cadre est analysé par Simmel non pas seulement comme ce qui fait du tableau une "île dans le monde", mais ausi comme ce qui assure son unité.
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Simmel analyse le fonctionnement du cadre, qui aide à renfermer le tableau sur lui même, par ses arbesques, jointures, mouvements centripètes qui ramènent le regard vers le centre du tableau et dont les moulures créent un champ de force qui sépare radicalement l'oeuvre du monde extérieur.
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Mais lorsque le cadre fait l'objet d'une attention trop grande, qu'il devient lui-même objet de contemplation, pour la virtuosité de ses ornements décoratifs, il cesse alors d'être secondaire par rapport au tableau, et cese de focntionner comme cadre. Il devient oeuvre pour lui-même, ce qui témogne selon l'auteur d'une profonde méprise de la hiérarchie des choses.
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Aussi le cadre est-il un équilibre précaire d'effacement et de présence, "d'énergie et de retenue si, dans la sphère du visible, il doit servir d'intermédiaire entre l'oeuvre d'art et son milieu, que tout à la fois il relie et sépare".
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On gardera un bon souvenir du texte sur l'esthétique de la pesanteur : "Chez Michel Ange, nous sentons tous les corps lutter contre une pression, une formidable pesanteur les tire vers le bas (...) Cette lutte s'est immobilisée au moment précis où les deux forces ont atteint leur déploiement extrême. Dès lors que cet équilibre, qu'avec un art inouï il était parvenu à maintenir, s'est rompu pour devenir chancelant, dès lors qu'on (...) a cru pouvoir exprimer plus pleinement la liberté de l'âme (...) en négligeant tout simplement la pesanteur, le style de Michel Ange a dérapé vers le baroque". Une suite de 5 essais denses et stimulants. (Le promeneur, 13.50 €)

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