L'expo Praxitèle du Louvre est un rêve d'archéologue. Le parcours de visite est scandé par le questionnement d'un chercheur historien confronté au problème d'un objet dont l'existenc est attestée par de nombreux témoignages, mais qu'il ne peut saisir. C'est la quête vers un artiste dont on a perdu les originaux, et dont on guette la présence fantomatique à travers les traces laissées par ses admirateurs.
Au-delà de ce parti pris de présentation - qui ne manque pas de panache intellectuel - et de quelques pièces absolument magnifiques - en particulier un superbe Hermès, un buste de Sauroctone, etc... - le visiteur aura du mal à replacer précisément l'artiste dans son environnement, et à comprendre l'intérêt de son style par rapport aux solutions plastiques de ses prédécesseurs, le contraposto de Polyclète, l'imperturbabilité divine de Phidias, etc... sans même parler du sens de l'importance de l'invention du nu féminin, par rapport à l'art du nu en général, et à la notion de la féminité en particulier.
Les explications, comme souvent dans les expositions en France où l'on dit vouloir privilégier le contact "direct" avec l'oeuvre, arrivent relativement tard et dispersées dans le parcours. Pour avancer dans cette voie-là, et dépasser l'image d'un Praxitèle solitaire inventeur du nu féminin et génie des poses nonchalentes, il faudra se reporter au livre sur le Nu de Kenneth Clark, et ses belles intuitions sur Appolon, Venus Céleste et Vénus Terrestre.
Au fil de l'expo Praxitèle reste donc tel qu'on a voulu nous l'introduire, une sorte de figure errante de l'art occidental, un fantôme insaisissable et magnifique, resté dans l'histoire à la faveur d'une fulgurance géniale, autant de choses dont on se dit qu'elles appartiennent (peut-être) un peu trop à l'univers romantique pour être tout à fait fidèle à l'éthos grec. Musée du Louvre, jusqu'au 18 juin.
vendredi, mai 04, 2007
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