mercredi, octobre 11, 2006

L'Art contemporain au Panthéon

C'est une bonne idée de dynamiser cette vieille batisse du Panthéon, sanctuaire des morts illustres, par des oeuvres d'artistes encore vivants. L'ambiance un peu froide et compassée du monument y gagne au change. Il y a pas si longtemps, c'était Garouste avec une oeuvre très intrigante, très stimulante, Les saintes ellipses, sur le principe de l'anamorphose : une sorte de grande corolle peinte avait été installée dans le choeur du panthéon. Les peintures réalisées sur les bâches venant se projeter dans un miroir à multiples facettes placé au sol, à la pointe de l'entonnoir, miroir permettant du même coup de lire le texte écrit entre les zones peintes, et qui, de loin, ne paraît qu'une suite de batons inintelligibles (magie de l'anamorphose). De haut en bas, de loin, de près, le regard rivé au plancher ou jeté en arrière vers le plafond, l'oeuvre joue de l'espace et crée une relation de proxémie et de distance, un rapport physique très fort, difficile à oublier.

Cette fois ci c'est au tour d'Ernesto Neto d'installer ses quartiers pour le festival d'automne 2007 avec son Levathan Thot, un gigantesque assemblage de poches suspendues, de draps chargés de Polystyrène et de sable, qui forment un genre de réseau organique de synapses ou de veines blanches chargées de gouttes et de sécrétions diverses (bave, salive, sperme, etc.) Comme si l'on pénétrait à l'intérieur d'un corps vivant, avec la visquosité filandreuse de certaines de ses régions (estomac, testicules, intestins). L'effet se perd un peu quand on s'éloigne, notamment pour le filet central rose, qui n'est pas très réussi à mon avis.

Il paraît que l'artiste a voulu signifier le rapport nature / culture avec d'un coté les protubérances son Léviathan, en référence au monstre biblique, et de l'autre cette architecture rectiligne et strictement réglée du Panthéon. Je préfère - et ce n'est pas contradictoire - y voir une nouvelle exploration du rapport de l'oeuvre à son espace, et à l'espace du spectateur. J'aime bien l'idée d'une oeuvre qui vient s'inscrire dans un espace pré-existant, l'habite comme une poche et finit par lui donner une forme nouvelle.

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