vendredi, octobre 06, 2006

Friedlander au jeu de paume

Très belle expo que celle-ci. L'expo Cindy Sherman m'avait déjà beaucoup plu, celle-ci est d'un genre (très) différent. Déjà au niveau du sujet, du format, et aussi de la couleur, puisque Friedlander travaille essentiellement en noir et blanc, hormis quelques clichés de musiciens.

On trouve chez Friedlander, comme chez Bonnard, des effets de miroirs, de vitrines, de reflets qui animent la photo dans tous les sens. La gauche est à droite, l'arrière au devant. Voir cette magnifique photographie de l'intérieur d'une voiture, où l'on voit les nuages et le ciel reflétés sur la vitre s'inscrire sur le plafond de l'habitacle intérieur. Dans toutes cette série de photo, on explore ce que signifie regarder "à travers" (une vitre, un grillage, un écran) ou au dedans (un miroir, un retroviseur, etc...), ce qui est bien le propre du regard via l'appareil photographique. Peut-être l'intérêt porté aux gestes précis des travailleurs à l'usine s'inscrit-il dans la même lignée.


Il paraît que Friedlander est dans la lignée de Walker Evans. Il a fait partie du mouvement du "social landscape" en photographiant des paysages urbains, des stations services desaffectés, des motels de bord d'autoroute, difficiles à localiser, entre la campagne et la ville. Dans le guide, ils disent que c'est une prise de parole politique, le regard porté sur une société US qui perd ses repères traditionnels. Déjà Evans avait marqué la photographie de sa fascination pour les objets ephémères, les néons, les vitrines, les déchets, les objets neutres voués à disparaître. Chez Friedlander, il y a aussi une jubilation visible pour les formes régulières, les effets d'alignement des ombres sur les maisons, l'ombre portée des fils électriques ou des lampadaires sur la chaussée. Avec un coté un peu systématique toutefois.

Il y a surtout des photos de paysages naturels, des grands lacs, et puis des plans rapprochés de branchages, de feuillages entrelacés, sur des photos de format carré, qui ressemblent à des peintures expressionistes à la Jackson Pollock.

Comme je lisais dans la foulée les petits recueils sur Nadar et Evans chez Phaidon, je me disais que c'est une belle collection. Mais si vous avez d'autres conseils de lectures et avis sur l'expo, j'aime autant.

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