L'expo de l'Institut du Monde Arabe (jusqu'en janvier 2007) emboîte le pas à celle consacrée à Gentile Bellini et l'orient de la National Gallery.
De cette expo, deux ou trois choses à noter : d'abord un éclairage sur des origines de l'école "coloriste" vénitienne, à partir des enluminures et manuscrits arabes, et leur goût des pigments purs. Ensuite l'importance de la verrerie orientale, qui explique naturellement la tradition verrière de la petite île de Murano.
L'expo éclaire les échanges et métissages entre européens et mamelouks, ottomans, et même les perses, qui font de Vénise la véritable sublime porte de l'orient, de 828 (rapatriement des reliques de Saint Marc d'Alexandrie) à 1797 (chute de la république). Un regret cependant, car la pertinence des pièces présentées n'est pas toujours évidente et témoigne parfois plus du désir de valoriser la civilisation arabe (c'est aussi le lieu qui veut ça) que d'éclairer les rapports entre Vénise et l'Orient, sujet de l'expo. De fait, la majorité des oeuvres viennent du XVIè siècle, cad après la prise de Constantinople. Avant cela, les relations de Venise et l'Orient ne sont pas un jeu à deux, mais à trois. Et cela aurait été plus complexe, mais peut-être aussi plus riche, de creuser en profondeur les relations entre la ville d'italie, les derniers feux de l'empire romain d'orient (chrétien orthodoxe), et du monde arabo-musulman proprement dit.
On y retrace aussi l'évolution progressive de la représentation du musulman, sa présence glorieuse dans les tableaux du XVI, jusqu'à sa caricature en acrobate ou en guerrier sanguinaire au XVIII, lorsque Venise décline et que les turcs cessent d'être des partenaires commerciaux érudits pour se changer en de dangereux adversaires. Sans oublier de très beaux tableaux de Bellini (Gentile, frère ainé de Giovanni qui sera le maître de Titien), Carpaccio (prédication et martyr de Saint Etienne, rassemblés en pendant) ou Lorenzo Lotto, et ses magnifiques tapis posés sur les tables de ses portraits de famille, et dont on peut voir des exemples (ci contre portrait de la famille Della Volta, National Gallery). Voir à tout prix le magnifique portrait de Mehmet II (National Gallery), qui sert de point de départ au célèbre roman d'Orhan Pamuk (prix nobel 2006), Mon nom est rouge, enquête policière dans le milieu des artistes vénitiens du XVIè siècle, à lire ab-so-lu-ment.
mercredi, octobre 18, 2006
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