mardi, mai 23, 2006

Le château de Versailles

Après Vaux le Vicomte, Versailles.
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Le château de Louis XIV fait exploser hors de leurs gonds le joli jardin et l'aimable architecture de la demeure de Fouquet. Reprenant la même équipe, Versailles multiplie les effets, agrandit l'échelle. C'est bien le monument de la démesure, de la gloire, régi par un principe de gonflement interne, d'enflement quasi monstrueux.
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Dans le jardin, les labyrinthes, les colonnades dissimulées, l'apparition des statues et des fabriques au service d'une esthétique de la surpise continuelle, tout contribue à frustrer les rêves de domination visuelle. Nulle maitrise - même illusoire - devant ce décor monumental. On est saisi.
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Le Brun, pape de l'académisme, se tire assez mal de ce diktat de l'exubérance auquel il participe. D'accord, la peinture est cosa mentale, comme dit le brave Léonard, mais à ce point là... Elle est ici tellement réfléchie, sur-saturée de symboles, de références, d'allusions, d'allégories, qu'elle en oublie d'être belle.
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Le vrai plaisir de Versailles est ailleurs. Dans la musique, dans le jet d'eau. Avec Camille, souvenir précieux du final des grandes eaux dans le bassin de Neptune, après une grande promenade dans le jardin. Il y a là quelque chose d'éphémère, qui tranche avec le monumental du lieu. Et pourtant, par ce délicat contrepoint opposé à la pierre, au marbre, à l'or, à la peinture au kilomètre, aux hectares de jardins et de forêts, ces noces précaires de la musique et de l'eau - qui devaient être sublimées à l'époque par le mouvement lui aussi de la danse - cette alliance touche au coeur de l'identité de Versailles, son essence, son caractère insaisissable.

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