lundi, mai 01, 2006

Une histoire de l'ombre

Passionnante fresque sur les figures de l'ombre, et le regard porté sur elle depuis la caverne de Platon jusqu'à Blanchot et Lévinas.
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Le bouquin de Milner donne lieu à de vraies révélations (on parle d'insight en marketing) par exemple sur Goya (le projet anti-décoratif des pinturas neras), sur Burke (physiologie de l'ombre), sur la conception lévinassienne de l'art, sur Diderot (l'aveuglement et l'obscurité comme surcroît de sens et de perception), etc. Le chapitre sur Hoffmansthal vaut le détour, le chapitre sur les umbrae de Dante aussi.
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On est parfois saisi par le sentiment du bric-à-brac, emporté par l'auteur dans des méandres dont on ne sait pas toujours ce qu'ils apportent au sujet, si ce n'est le plaisir d'une aimable digression (ce qui est déjà pas mal).

Plutôt que de s'attarder sur la revalorisation de l'ombre, qui constitue quand même l'essentiel du propos, on remarquera la proximité d'intérêt de toute une série de publications contemporaines, sur le noir en peinture, les anti-lumières (Z. Sternhell), les anti-modernes (A. Compagnon). Cette exploration passionnée de la face obscure des choses montre à quel point nous sommes bien sortis de l'optimisme utopique des lumières.

Pour un regard plus aiguisé, voir ici.
Max Milner, L'envers du visible, Essai sur l'ombre, Seuil

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