Le portrait est à la mode. Juste après Titien au musée du Luxembourg, direction le Grand Palais. On y retrouve certaines des problématiques déjà évoquées, l'apparition de l'individu singulier sous l'allégorie du pouvoir, le thème de la physiognomonie ou de la kalokagathia, le jeu des normes et de leurs transgression.
L'expo se présente comme une succession documentaire des différents "types de portraits" : portrait politique, de condition, de femme, de famille, portrait culturel, portrait d'histoire, portrait de convention, etc. Dans le lot, peu de chocs esthétiques, mais de vrais "insights" comme on dit dans le métier, sur l'évolution des codes et du genre du portrait. Rien de très nouveau donc.
Quelques toiles superbes cependant : il y a cet autoportrait de Joshua Reynolds, où la figure du peintre paraît presque se détacher du fond brun, comme détourée et isolée par un puissant effet de lumière. Avec un air à la Rembrandt, l'artiste se laisse adouber par le buste de Michel ange, reprenant le thème archi séculaire de la reconnaissance de l'artiste, représenté en notable docteur en droit.
Voir aussi le portrait du Major William Clunes, par Henry Raeburn, où le personnage pose à coté de son cheval, dans un brouillard coloré, qui mêle ensemble les cheveux et les feuillages, la robe de l'animal et le paysage lontain, avec des effets de saturation lumineuse propre à l'ère romantique, le coté pompier en moins. Le regard hautain du modèle, la position de ses bottes luisantes, et la symétrie quasi parfaite avec le cheval tout juste rythmée par la patte arrière gauche de l'animal, tout cela tient de la haute maîtrise.
On retrouve aussi avec grand plaisir deux portraits d'enfants : Louise Vernet de Géricault, et le Petit enfant rouge à la pie, de Goya. Les oiseaux dans la cage, la pie (symbole de mort) tient dans son bec le billet où l'artiste a posé sa signature (artiste jouet de la mort et des critiques?), tout en étant tenue en laisse par l'enfant et menacée par les chats... Le tableau construit un jeu allégorique très subtil de domination / soumission, encore renforcé par le regard étrangement absent de l'enfant et son habit écarlate. Le vrai portrait de la comédie du pouvoir, c'est celui-là !! On reste émerveillé une fois de plus devant l'incroyable talent de l'espagnol, et la diversité de ses sujets, des portraits de cour aux peintures noires en passant par les scènes champêtres.
Un regret cependant : on se dit qu'avec un titre pareil, l'expo laisse le sentiment diffus mais persistant de ne pas réellement cerner le sujet. Il devait y avoir d'autres façon d'aborder les toiles. Il y a des jours comme ça, où la mayonnaise ne prend pas.
mardi, octobre 24, 2006
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1 commentaire:
Merci d'avoir un blog interessant
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